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Sommaire

  1. Le témoin de la semaine : Ndume Olatushani ancien condamné à mort aux États-Unis
  2. « Je me suis toujours préparé à être libéré »
  3. Pour les élèves, une leçon de résilience
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Ndume Olatushani témoigne dans les écoles : « Tant que la peine de mort sera appliquée, des innocent·es seront exécuté·es »

Ce vendredi 15 octobre 2022, ECPM a clôturé la fin d’un nouveau cycle d’interventions dans les établissements d’éducation secondaire. Ce sont 9 collèges et lycées qui ont bénéficié d’ateliers de sensibilisation aux enjeux de la peine capitale animés par deux services civiques et six bénévoles, suivis du témoignage, une semaine plus tard, de Ndume Olatushani, ancien condamné à mort dans le Tennessee, avec qui ils·elles ont pu échanger sur la thématique.
Ndume Olatushani et sa soeur, Mary, ont accordé une interview à ECPM lors de leur venue à Paris. Ils seront présent·es au 8e Congrès mondial contre la peine de mort qui se tiendra du 15 au 18 novembre 2022 à Berlin.

Le témoin de la semaine : Ndume Olatushani ancien condamné à mort aux États-Unis

Originaire de la ville de Saint Louis dans le Missouri, Ndume n’avait jamais été dans l’État du Tennessee avant d’être arrêté, accusé à tort d’un crime survenu en 1983 au cours d’un braquage de supermarché à Memphis. C’est donc menotté et enchaîné qu’il a pénétré pour la première fois dans cet État pour assister à son procès, au cours duquel de fausses pièces à conviction ont été présentées contre lui, et les preuves de son innocence volontairement effacées de son dossier. Jeune homme noir, face à un jury entièrement blanc cherchant à tout prix à classer l’affaire, Ndume a été victime d’une manipulation judiciaire de la part d’un système corrompu et discriminatoire.

« Je me suis toujours préparé à être libéré »

Telle est l’histoire qu’il a raconté aux presque 600 élèves, de la quatrième à la terminale, ému·es par son témoignage. « Comment avez-vous survécu à tout cela ? » est l’une des nombreuses questions qui sont souvent revenues parmi les jeunes. « Je me suis toujours préparé à ma libération », répondait-il, « je savais que j’allais finir par faire reconnaître les preuves de mon innocence. »

C’est la peinture, qu’il a appris lui-même en prison, le souvenir de sa mère disparue pendant sa détention, et le soutien sans faille de sa famille et de ses avocat·es qui l’ont aidé à garder espoir tout au long de ses 28 ans de détention, dont 20 dans les couloirs de la mort où il passait 23h/24 dans une cellule qui ne lui permettait même pas d’écarter entièrement les bras. Le 1er juin 2012, Ndume est enfin libéré sous le plaidoyer Alford . Il ne recevra aucune indemnité de la part de l’État du Tennessee, qui a refusé de reconnaître ses torts et ne lui a offert que cet accord en échange de sa libération. « Rien, même pas l’argent de l’État, ne me ramènerait les 28 ans que j’ai perdus derrière les barreaux. Pendant 20 ans, je n’ai pas pu sentir l’herbe sous mes pieds. Je ne l’apercevais qu’à travers le grillage de la cour, ou plutôt de la cage, où on me laissait sortir une heure par jour », commente-t-il. 

Pour les élèves, une leçon de résilience

« Demain, ce sera à vous de prendre des décisions. Le savoir entraîne la responsabilité : c’est maintenant à votre tour de transmettre les histoires et les arguments que vous avez reçu au cours des interventions, pour que le combat contre la peine de mort continue d’avancer », a conclu Ndume Olatushani. Et d’ajouter : « Vous avez le pouvoir de changer le monde : tendez la main à ceux qui traversent des épreuves douloureuses, traitez-les comme vous aimeriez que l’on vous traite. »

Sa sœur, Mary, était également du voyage pour l’accompagner et apporter la discrète parole des proches de condamné·es à mort : « Quand un membre de votre famille se trouve dans le couloir de la mort, vous êtes soudains désemparé·es. Si Anne-Marie, qui est maintenant devenue la femme de Ndume, qui travaillait à l’époque pour une association contre la peine de mort, n’était pas venue à notre rencontre, nous n’aurions pas su vers qui nous tourner. Nous avons dû faire face à une date d’exécution, nous avions peur et sans savoir que des personnes se préoccupaient du sort des personnes condamnées, nous n’aurions pas su quoi faire. »

Très touché·es par le témoignage de Ndume, les élèves se sont succédés, à la fin des interventions tout au long de la semaine, pour le remercier, lui transmettre leur admiration, leur affection et leur détermination à partager son histoire. Beaucoup ont manifesté leur intérêt pour participer au concours international d’affiches Dessine-moi l’abolition, organisé par ECPM et le Réseau International d’Éducation à l’Abolition (RIEA). Un grand merci à elles et à eux pour leur attention, ainsi qu’au corps enseignant pour leur accueil, et aux équipes d’ECPM mobilisé·es sur place.

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