
L’engagement des jeunes : un tiers des participant·es avait déjà assisté aux éditions précédentes

Juin 2025 · © Crédits photo : Margaux Supper, Conseil de l’Europe
Cette année, 17 des 47 jeunes présent·es à Strasbourg avaient déjà participé aux éditions passées, témoignant de leur engagement durable en faveur de l’abolition de la peine de mort. Leur expérience a contribué à renforcer la cohésion du groupe, son autonomie et sa capacité à construire des projets collectifs, réalistes et concrets. Lors cette troisième édition, cette autonomisation a été encore renforcée par la mise en place de davantage de travaux de groupes et le déploiement des moyens de communication numérique interne et externe entre autres.
En outre, plusieurs innovations cette année ont alimenté l’apport en méthodologie de l’atelier, notamment la session de cas pratique « Comment organiser un ciné-débat ». Le visionnage du court-métrage Will my parents come to see me de Mo Harawe (2022) a été suivi de travaux de groupe. L’objectif ? Mettre les participant·es en situation et élaborer une boîte à outils qu’iels pourront mettre en place par la suite, de manière autonome.
Iran : le témoignage émouvant de Saman Yasin
Saman Yasin est un rappeur et compositeur iranien qui a été condamné à mort en 2022 par le régime iranien en raison de son opposition et de ses textes engagés. En détention, il a subi des actes de torture, allant jusqu’à la traumatisante simulation de sa propre exécution, dont il garde des séquelles physiques et psychologiques importantes. Depuis 2025, il vit en Allemagne où il a obtenu le statut d’opposant en exil. Lors de sa venue à Strasbourg, il s’exprimait pour la deuxième fois en public, et pour la toute première fois devant un groupe de jeunes. Son témoignage, particulièrement bouleversant, a révélé les conditions de détention inhumaines dont il a fait l’objet, les recours à la torture ainsi que les douloureuses conséquences de ces deux années sur lui et ses proches. Au cours de son témoignage le 18 mars dernier, lors du side event « Seeking Justice » organisé par KMMK (Kurdistan Human Rights Association) en marge de la 58e session du Conseil des droits de l’Homme à Genève il déclarait :
« Le moins que je pouvais faire était d’amplifier la voix des opprimés, ce que j’ai fait à travers mes chansons de protestation. Oui, c’était mon seul crime, la raison pour laquelle ils m’ont qualifié d’émeutier, de rebelle, d’ennemi de Dieu, et m’ont traîné en prison. Ils m’ont battu, m’ont cassé le nez et m’ont soumis à une fausse exécution, tout cela parce que je voulais que le monde entende cette souffrance.

L’émotion était palpable dans toute la salle : intervenant·es, interprètes et participant·es ont été profondément touché·es. Les jeunes, visiblement ému·es, ont souhaité en savoir plus sur son histoire, posant plusieurs questions avec beaucoup d’attention et d’intérêt. Notamment sur la marge d’action de la jeunesse pour le soutien des défenseur·ses des droits humains :
”Qu’est-ce que vous voulez que la jeunesse retienne et fasse passer comme message ?”
Les activités menées pendant l’atelier

Au-delà des témoignages et interventions, de nombreuses activités ont été proposées aux jeunes afin de renforcer leur capacité d’action. L’objectif était d’autonomiser au maximum ce réseau d’ambassadeurs et ambassadrices, qu’iels construisent eux·elles-mêmes leur boîte à outils et créent leurs propres projets lors de travaux de groupes, dans le but de poursuivre leur engagement dans leurs pays et communautés respectives. La présence d’ancien·nes participant·es a été précieuse pour partager les initiatives déjà mises en place les années précédentes, pour diffuser les bonnes pratiques et exposer les difficultés rencontrées.
Comme chaque année, un atelier de simulation du vote de la résolution des Nations Unies pour un moratoire universel sur l’application de la peine de mort, a été organisé. Cette édition s’est distinguée par une nouveauté : les ancien·nes participant·es incarnaient des ONG, tandis que les nouveaux·elles adoptaient le rôle de représentant·es d’États. Ensemble, ils ont débattu et voté une résolution en faveur d’un moratoire universel sur la peine de mort, une première depuis la création de l’atelier. Cette mise en situation a permis aux jeunes de mieux comprendre le fonctionnement des relations internationales, le rôle de chacun des acteurs impliqués – ONG, États et institutions – et le fonctionnement d’un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Consolider le réseau des jeunes ambassadeur·ices
Parmi les moments marquants de cette semaine, une soirée à la Représentation permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe a permis d’approfondir les liens entre les jeunes engagé·es et les acteurs·rices institutionnel·les. Cette réception officielle s’est déroulée en présence de M. Pap Ndiaye, ambassadeur et représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe depuis le 1er août 2023.
Ce temps convivial, a également réuni les représentant·es de plusieurs délégations nationales de pays d’origine des participant·es. La soirée a permis un dialogue direct avec des responsables institutionnels, dont Sébastien Potaufeu, conseiller principal pour les droits humains et coordonnateur pour l’abolition de la peine de mort au Conseil de l’Europe, renforçant ainsi la portée et la visibilité du réseau des jeunes ambassadeur·rices.
Ces échanges privilégiés participent pleinement à la consolidation d’un réseau de jeunes européen·nes engagé·es, dans la lignée de la mise en œuvre de la déclaration du sommet de Reykjavik de 2023, où les chefs d’Etat et de Gouvernement ont indiqué que le Conseil de l’Europe devait poursuivre son combat en faveur de l’abolition de la peine de mort.
Une génération déterminée à agir
Cette troisième édition de l’atelier « Plaidoyer et sensibilisation » a confirmé la force de l’engagement des jeunes en faveur de l’abolition de la peine de mort. Entre témoignages marquants et moments de réflexion collective, les participant·es repartent enrichi·es, porteur·ses d’une parole engagée, d’outils concrets pour continuer à agir et de plusieurs projets collectifs à mettre en place dans les prochains mois. Face à l’injustice, une nouvelle génération se lève, unie par une conviction commune : la peine de mort n’est pas une solution, elle trahit l’essence même de la justice.