1 – Une violation des droits humains
La peine de mort enfreint en premier lieu le droit à la vie. Ce droit fondamental est garanti par plusieurs conventions internationales.

À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, qui a lieu tous les ans le 10 octobre, Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies (2014), a affirmé que la peine de mort est une pratique cruelle contraire au principe de la dignité humaine et qu’un nombre croissant d’États de toutes les régions du monde ont reconnu que la peine capitale ne sert pas la justice.
« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »
Article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme
« Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine. Ce droit doit être protégé par la loi. Nul ne peut être arbitrairement privé de la vie. »
Article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques
« Chaque État partie prendra toutes les mesures voulues pour abolir la peine de mort dans le ressort de sa juridiction. »
Article 1 du Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, seul traité international prévoyant l’abolition totale.
2 – Non dissuasive

Elle est inefficace pour lutter contre les crimes et ne rend pas la société plus sûre.
Il n’existe pas de consensus scientifique prouvant que la peine de mort a un effet dissuasif supérieur aux autres sanctions pénales. Les facteurs socioéconomiques et judiciaires jouent un rôle plus déterminant dans la réduction de la criminalité.
La plupart des criminologues démontrent que les crimes les plus graves sont souvent commis sous le coup de l’émotion et de l’impulsivité ou par des personnes qui ne pensent pas aux conséquences
juridiques de leurs actes.
Parmi les 20 pays les plus sûrs au monde*, 16 ont aboli la peine de mort.
Selon l’indice de la paix mondiale 2025
3 – Une vengeance, pas la justice

Elle perpétue le cycle de violence et de souffrance,
là où la justice devrait viser au contraire à organiser la réparation de la société.
Si le désir de vengeance est humain, il correspond
à une réaction émotionnelle, immédiate et individuelle. À l’inverse, une décision de justice se doit d’être impartiale, mesurée et collective. L’utilisation de la peine de mort repose sur l’interprétation la plus courante de la loi du Talion,
une loi ancestrale illustrée par la formule « oeil pour oeil, dent pour dent ».
« Œil pour œil et le monde deviendra aveugle. »
Mahatma Gandhi
4 – Irréversible

Les erreurs judiciaires existent, la peine de mort tue des innocents partout dans le monde.
Le manque de ressources, de connaissances et d’indépendance des forces de l’ordre et du système judiciaire sont parmi les principales causes d’erreurs judiciaires.
De nombreux cas illustrent les dérives
irréversibles de la peine de mort. L’histoire d’Iwao Hakamata est devenue un symbole mondial. Condamné au Japon pour un crime qu’il a toujours nié, il a passé plus de 46 ans en isolement dans
le couloir de la mort, soit le plus long cas connu au monde. Libéré en 2014, il est définitivement innocenté depuis 2025.
« La justice est rendue par des êtres faillibles. Rien n’empêchera jamais les erreurs judiciaires. »
Robert Badinter, Président d’honneur d’ECPM
5 – Une torture

De l’arrestation à l’exécution, le processus lié à l’application de la peine de mort est inévitablement entaché de souffrances physiques et psychologiques, à la fois pour les personnes condamnées à mort et pour leurs proches.
Elles sont assimilables à de la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants, interdits par de nombreux textes de droit international ou régional.
La peine de mort est une torture :
- Dès l’arrestation : au Cameroun, on recense 24 méthodes de torture pour briser et humilier les personnes.
- Pendant l’instruction : en Égypte, nombre de personnes condamnées à mort ont témoigné avoir été torturées à de multiples reprises pour avouer le crime qui leur était reproché.
- Pendant la détention : le syndrome du couloir de la mort correspond à la souffrance psychologique provoquée par l’attente et l’incertitude de l’exécution. En Ouganda, cette attente a été jugée inconstitutionnelle lorsqu’elle est supérieure à 3 ans.
- L’exécution : les méthodes d’exécutions douloureuses et humiliantes sont qualifiées de torture et donc contraire au droit international. À ce jour, aucune n’a été prouvée indolore et respectueuse de la dignité humaine.
6 – Discriminatoire
Des discriminations existent en droit et en pratique.
Elles sont parfois inscrites dans la loi (à travers les motifs de condamnation) ou inhérentes aux procédures judiciaires. Dans nombre de pays, la qualité de la défense et le verdict sont grandement impactés par la situation financière de la personne accusée. Ceux-ci peuvent aussi différer en fonction de son genre, son orientation sexuelle, sa race, sa couleur de peau, sa religion ou son appartenance à une minorité ethnique, ou celles de ses témoins, avocat, etc. Par conséquent, les groupes marginalisés et vulnérables sont proportionnellement sur-représentés dans les couloirs de la mort.
En 2024, l’homosexualité est passible de la peine de mort dans 12 pays.
Par exemple* :
- En Inde, 74% des personnes condamnées à mort sont économiquement vulnérables (Source : Project 39A).
- En Arabie Saoudite, 42% des exécutions liées au « terrorisme » entre 2014 et 2025 concernaient des membres de la minorité chiite (Source : Amnesty International).
- Aux États-Unis, 38% des personnes condamnées à mort en 2024 étaient noires (Source : Death Penalty Information Center).
- En Iran, 19% des personnes exécutées en 2022 et 2024 étaient issues de la minorité baloutche (Source: Iran Human Rights).
- Au Kenya, 2/3 des condamnés à mort interrogés ne sont pas allés au-delà de l’école primaire (Source : The Death Penalty Project).
*Comparatif avec la part dans la population générale :
Les Baloutches représentent 4 % de la population iranienne ; les chiites, 11 % en Arabie saoudite ; les personnes noires, 14 % aux USA ; et un tiers des Kenyans ne sont pas allés à l’école au-delà de la primaire.
7 – Un outil de répression politique

La peine de mort est instrumentalisée
comme outil d’oppression, de répression
de la population et de pression
diplomatique.
Le simple fait d’exprimer
une opinion peut parfois suffire pour être
condamné à mort. La peine capitale est
aussi fréquemment utilisée comme outil
de pression entre États, les condamnés
à mort étrangers faisant l’objet de
négociations.
En Iran, plus de 10 000 personnes ont été exécutées entre 2008 et 2025. L’usage généralisé de la peine de mort constitue l’un des instruments les plus importants du régime pour instiller la peur dans la société.
8 – Traumatisante

La peine de mort engendre d’autres victimes. De l’arrestation à l’exécution, elle étend la souffrance et le traumatisme à la famille et aux proches des personnes condamnées à mort. Un certain nombre
d’acteurs, avocats, jurés, magistrats, bourreaux et personnels pénitentiaires, peuvent également être impactés psychologiquement.
« N’ignorons jamais le stress post-traumatique qu’engendre la responsabilité de tuer un être humain et à quel point il est difficile de digérer sa propre participation physique à la mort d’autrui. »
Aramis Ayala, Procureure générale de Floride, Etats-Unis
« Certaines personnes nous traitent comme si nous n’étions pas d’une bonne famille. Je sais que mes enfants ont des difficultés à l’école depuis que leur père est derrière les barreaux. »
Anna, épouse d’un condamné à mort en Malaisie
9 – Un obstacle à la vérité

Le droit à la vérité est le droit de connaître
la vérité absolue et complète sur
les infractions qui ont été commises,
les circonstances, les individus qui y
ont participé et les raisons qui les ont
motivées.
Le système judiciaire étant
faillible, la peine de mort représente
un obstacle majeur au droit à la vérité.
La peine de mort n’est pas soutenue par
toutes les familles de victimes
et ne garantit pas la réparation.
« Lundi, je ne serai pas au procès, je n’en ai pas le courage. Mais je souhaite que justice soit rendue, j’attends des remords, des excuses. (…) je reste aujourd’hui encore opposée à cette peine de mort, même pour l’assassin de mon fils (…). Je veux savoir ce que ce terroriste avait dans la tête. »
Khadija Arfaoui, universitaire tunisienne et mère d’une victime d’un attentat terroriste
10 – Incompatible avec la réinsertion

La peine de mort renie le principe de seconde chance.
Pourtant l’un des objectifs de la justice vise à réparer et à réinsérer les auteurs de crimes ou de délits, afin de rétablir l’équilibre et la paix dans la communauté.
« J’ai passé 18 ans dans le couloir de la mort. À ma sortie, j’ai obtenu mon diplôme de droit et j’ai fondé une association pour la défense des droits des prisonniers d’Afrique. »
Pete Ouko, ancien condamné à mort kényan