Aller au contenu
Naviguez
sur notre carte interactive
Partager

Iran : « Pedram Madani s’en est allé, emporté par un régime sans honneur » 

Pedram Madani a été exécuté le 28 mai à la prison de Ghezel Hesar. Arrêté en septembre 2022 alors qu’il voyageait dans la République islamique, le Français Louis Arnaud a été détenu pendant deux ans par les autorités iraniennes. Libéré le 13 juin 2024, il a longuement fréquenté Pedram Madani pendant son pénible séjour dans les geôles iraniennes.
Portrait de Pedram Madani
Pedram Madani · © Keyvan Mohtadi

« Il est des jours que l’on n’écrit qu’avec des larmes. » 

Ce matin (28 mai 2025), Pedram Madani s’en est allé, emporté par un régime sans honneur. Un innocent de plus, drapé de fausses trahisons, jeté dans la poussière. 

C’est une douleur immense pour tous ceux qui l’aimaient, et une perte amère pour le monde, privé d’un homme qui lui rappelait ce qu’est la grandeur. Car Pedram, n’était pas qu’un simple prisonnier politique, une victime parmi tant d’autres, le bouc émissaire d’un pouvoir dément. 

Il était mon maître de menuiserie, mon compagnon d’âme, mon refuge. Celui qui savait faire renaître mon sourire. Il m’a enseigné l’art d’être un homme, a tracé devant moi les sentiers de la vertu, du courage, de la dignité. 

Il incarnait la force pure, celle qui soutient, qui jamais ne faillit. Une seule fois ses larmes ont coulé – pour son père qu’il n’a jamais pu honorer. Même ce dernier adieu, les démons le lui ont volé. Trop dangereux, disaient-ils. Comme je les comprends. Leur noirceur n’aurait pu soutenir l’éclat de sa bonté. 

Il était cette rare bonté sans jugement, offerte même à ceux qui n’en étaient pas dignes. Toujours prêt à tendre la main, même à ses bourreaux, comme à des frères égarés. À l’injustice, il offrait la grâce. À la haine, le pardon. Car Pedram n’était pas d’ici. Il était de ces êtres venus pour nous éclairer, partageant un temps notre exil, avant de repartir vers la source de sa lumière. 

Il était mon père, mon guide, mon port d’attache, mon frère. 

Égoïstement, je rêvais de le garder pour moi seul. Pourtant, combien j’aurais voulu que vous puissiez croiser son éclat au milieu de nos ombres, sentir la puissance de son être, la paix qu’il inspirait, la tendresse de son regard. 

Quel privilège, mon frère. Quel honneur d’avoir marché à tes côtés, partagé un peu de ton fardeau, de porter ton histoire dans la mienne. Comme ta seule rencontre suffit à donner un sens à mes blessures. 

Si seulement tu avais pu voir le soulèvement de tous ceux qui t’aimaient, cette humanité dressée pour te porter secours. De Téhéran à Washington, de Paris à Montréal, de Londres à Melbourne, de Madrid à Oslo. Comme j’aurais aimé que tu saches combien nous avons cherché à te mériter. 

Mais sois sans crainte. Nous ne les laisserons pas profaner ta mémoire. Ton visage s’est effacé du monde, mais il rayonne toujours dans nos cœurs. Nous sommes les gardiens de ton héritage, et nous veillerons à ce qu’il vive au-delà de nous. 

Adieu, mon ami.  

Louis Arnaud 

Louis Arnaud · © Valentin Casanova, France 3 Bourgogne

En savoir plus 

Thumbnail infographics - The death penalty in Iran (2024)
Infographie – la peine de mort en Iran (2024)