
Réunissant plus de 300 participants venus du Japon, de Chine, de Mongolie, de Corée du Sud, de Corée du Nord, de Taïwan, de Malaisie et de Singapour, ainsi que d’Europe et des Amériques, le congrès a constitué un forum essentiel pour le dialogue entre avocats, parlementaires, représentants des Nations unies, acteurs de la société civile et témoins.
Les discussions tout au long de l’événement ont mis en évidence le besoin urgent de transparence, de réforme de la justice et de coopération régionale, en particulier en Asie de l’Est, l’une des régions les plus difficiles au monde en matière de peine capitale.
Des exécutions qui se poursuivent en Chine et en Corée du Nord aux signes de progrès en Corée du Sud et à Taïwan, en passant par l’abolition en Mongolie et la fin des condamnations à mort obligatoires en Malaisie, les pays asiatiques sont confrontés à des défis importants, mais nourrissent également un réel espoir d’aboutir à l’abolition universelle.
Lors de l’événement organisé à Tokyo, les congressistes asiatiques ont défini les priorités clés à développer lors du Congrès mondial qui se tiendra en juin 2026 à Paris :
• Lutter pour la transparence : développer des réseaux multidisciplinaires reliant avocats, journalistes, universitaires et acteurs de la société civile afin de révéler les réalités cachées et de renforcer la responsabilité.
• Construire un discours positif : promouvoir des stratégies de communication publique et de narration qui humanisent les personnes concernées et remettent en question les attitudes bien ancrées.
• Aborder la question de la santé mentale : créer des réseaux de soutien par les pairs et des initiatives de partage d’expériences entre les familles, les défenseurs des droits humains et les anciens prisonniers.
• Donner du pouvoir aux voix clés : renforcer la capacité et l’engagement des politiciens, des parlementaires et des journalistes dans la promotion de l’abolition.
• Comprendre et influencer l’opinion : mener des enquêtes et des recherches pour mieux cerner les attitudes du public et favoriser un débat éclairé.
À l’échelle mondiale, le mouvement en faveur de l’abolition poursuit sa progression régulière : deux tiers des États membres de l’ONU ont aboli la peine de mort dans leur législation et près des trois quarts ont cessé les exécutions, ce qui fait que ceux qui continuent à exécuter des condamnés ne représentent plus qu’une petite minorité. Cette évolution place le débat au cœur des sociétés modernes, en particulier dans les démocraties asiatiques.
L’Asie reste la région la plus difficile dans ce domaine, car elle continue d’être le continent qui compte le plus grand nombre d’exécutions dans le monde. Nous espérons que ce congrès à Tokyo encouragera la réflexion et le débat, nous aidant à progresser vers la fin de la peine de mort.
Aminata Niakaté, Présidente d’ECPM

Un hommage particulier a été rendu à Hideko Hakamata, sœur d’Iwao Hakamata, acquitté en 2024 après avoir passé 46 ans dans le couloir de la mort, dont le témoignage a profondément ému les participants. L’installation « Les lettres de Hakamata », présentée pendant le congrès, exposait des fragments des 5 000 lettres d’Iwao — une réflexion artistique puissante sur l’endurance humaine et l’injustice.
Je ne veux pas qu’Iwao soit le seul à bénéficier de notre soutien. Il y en a tant d’autres qui ont été injustement condamnés. J’espère que nous pourrons unir nos forces pour obtenir justice pour tous
Hideko Hakamata

Je pense que l’enthousiasme suscité par cette conférence reflète l’isolement ressenti par les abolitionnistes au Japon, en particulier les avocats, qui ont beaucoup de mal à défendre leur cause alors que la population semble si fortement favorable à la peine de mort. L’intérêt de ce type d’événement réside dans sa capacité à briser cet isolement extrêmement oppressant.
Richard Sédillot, avocat et porte-parole d’ECPM
Enfin, le Congrès a également été l’occasion de faire émerger une nouvelle génération d’abolitionnistes, avec le concours d’éloquence “Comment abolir la peine de mort au Japon ?”. Sorane Sakihama, une jeune étudiante japonaise en droit à l’Université d’Okinawa, s’est attribuée le grand prix, aux côtés de cinq autres finalistes.
Étape importante dans le mouvement abolitionniste mondial, le congrès de Tokyo ouvre désormais la voie au 9e Congrès mondial contre la peine de mort, qui se tiendra à Paris, du 30 juin au 2 juillet 2026.
