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23e Journée mondiale contre la peine de mort : retour sur les actions des partenaires !

Chaque année le 10 octobre, est observée la Journée mondiale contre la peine de mort. Cette 23e édition avait pour thème « La peine de mort ne protège personne », mettant en valeur l’idée fausse selon laquelle la peine capitale rend les communautés et les personnes plus sûres. À travers le monde, la communauté abolitionniste s’est exprimée avec de nombreuses actions, retour sur cet engagement en ligne et sur le terrain.

La Journée mondiale contre la peine de mort : moment clé pour le mouvement abolitionniste

Réel évènement de cohésion et de rassemblement de la communauté abolitionniste, en ligne ou sur le terrain, la Journée mondiale contre la peine de mort permet chaque année de sensibiliser les sphères politiques et la société civile à la thématique de l’abolition. Chaque édition arbore un thème, et depuis deux ans, l’aspect non dissuasif de la peine de mort est mis à l’honneur.

Cette année, la Journée mondiale revêtait un caractère d’autant plus symbolique car elle a été précédée de la panthéonisation de Robert Badinter la veille. Ancien Garde des Sceaux, c’est lui qui fera adopter la loi abolissant la peine de mort en France, le 9 octobre 1981.

Robert Badinter au Sénat

Afrique sub-saharienne

KENYA : LA SENSIBILISATION DE LA JEUNESSE

L’organisation Crime Si Poa, a participé grandement à la mobilisation de cette Journée mondiale, notamment en ligne. Une série de vidéos du 1er au 10 octobre a été diffusée sur les réseaux sociaux, en partenariat avec ECPM, chacune traitant d’un argument contre la peine de mort. Mettant en avant des membres de la jeunesse abolitionniste, cette présence numérique a suscité beaucoup d’interactions, menant à un débat live organisé sur TikTok. Ainsi, les jeunes ont été les premier·es touché·es par cette sensibilisation, étant les premier·es utilisateur·ices de cette plateforme, et des réseaux sociaux de manière générale.

La sortie d’un communiqué de presse a aussi accompagné les actions en ligne de Crime Si Poa.

CAMEROUN : CONFÉRENCE DE PRESSE

Au Cameroun, l’association Droits & Paix a organisé une conférence de presse sur le thème « L’abolition de la peine de mort : Le bon combat pour les religieux ».

RDC : CONFÉRENCE EN UNIVERSITÉ

La Journée mondiale a été célébrée lors d’une conférence à l’université de Gbadolite, dans la province du Nord-Ubangi, organisée par Culture pour la paix et la justice (CPJ) et ECPM. Sous la thématique internationale « La peine de mort ne protège personne », la conférence fut l’opportunité d’aborder un sous-thème national « Veille universitaire contre la peine de mort en République démocratique du Congo ».

Près de 150 participant·es ont répondu présent à cette rencontre, qui a été introduite par des allocutions de M. Zimango Ngama, recteur de l’Université, M. Kishabongo, juge et vice-président de CPJ et de Maître Mukuna, avocat et membre du bureau de la Coalition contre la peine de mort en RDC.

Dans le cadre inédit de cette journée mondiale accueillie dans un amphithéâtre universitaire, une leçon publique a été présentée par M. Ngoto Ngalingi, professeur et enseignant de droit pénal. Les participant·es ont pu à la fois s’informer sur le cadre légal entourant la peine de mort en RDC, la réalité de son application et les arguments abolitionnistes, mais également exprimer leurs interrogations et opinions à l’occasion d’un temps d’échanges et de débat organisé à l’issue de la présentation.

Asie

INDONÉSIE : CONFÉRENCE DE PRESSE ET TABLE RONDE

En lien avec ECPM, l’organisation KontraS a produit et rendu public son rapport annuel sur la situation de la peine de mort en Indonésie, lequel analyse et répertorie les éléments de contexte et les données relatives à son application sur la période d’octobre 2024 à septembre 2025. Cette publication est devenue un outil incontournable pour contribuer à une meilleure transparence sur le sujet et appuyer les actions de plaidoyer en faveur de l’abolition.

Sa sortie a été accompagnée par l’organisation d’une table-ronde pour discuter de ses principales conclusions. L’événement a également été l’occasion de présenter et échanger sur une note informative élaborée dans le but d’accompagner la mise en œuvre du Code pénal révisé. En effet, si le nouveau texte, qui entrera en vigueur en 2026, prévoit que les peines de mort puissent être commuées, après 10 ans d’incarcération en cas de bonne conduite, en prison à vie ou en peine de 20 ans de prison, il n’explicite pas les termes et l’application de ces dispositions reste très subjective. Pensée comme une feuille de route claire, cette note vise ainsi à favoriser plus de transparence et d’objectivité dans les décisions de condamnations à mort ou commutations de peine, dans le but de réduire le nombre de condamnations à mort et le taux de corruption alarmant dans le système pénal indonésien.

KontraS a également co-organisé une conférence de presse conjointe avec plusieurs organisations abolitionnistes indonésiennes pour commémorer cette 23e Journée mondiale.

Moyen-Orient et Afrique du Nord

MAGHREB : COMMUNIQUÉ CONJOINT

ECPM s’est associé au Réseau maghrébin contre la peine de mort pour appeler les États du Maghreb à progresser plus rapidement en vue de l’abolition de la peine de mort. Avec la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, la Coalition marocaine contre la peine de mort, l’Association mauritanienne des droits de l’Homme et la Coalition tunisienne contre la peine de mort, les organisations ont insisté notamment sur l’importance du respect des conventions internationales qui prévoient le respect du droit à la vie et l’interdiction de toute forme de torture, dont les quatre pays du Réseau sont signataires.

ARABIE SAOUDITE : COMMUNIQUÉ CONJOINT

Illustration communiqué d'ALQST pour la Journée mondiale 2025

Pour condamner le recours grandissant à la peine capitale en Arabie Saoudite, ECPM s’est associée à plus de 30 ONG dans un communiqué conjoint. Depuis début 2025, les autorités saoudiennes ont exécuté au moins 292 personnes, dont quatre femmes. Cette année devrait dépasser le sinistre record de 345 exécutions atteint l’année dernière.

Ces dernières années, [les exécutions] ont concerné de nombreux ressortissants étrangers condamnés pour des infractions liées à la drogue, des citoyens saoudiens condamnés pour avoir exprimé pacifiquement leur désaccord avec le pouvoir et un jeune homme exécuté pour une infraction qu’il aurait commise alors qu’il était encore enfant.

IRAN : DÉCLARATION D’IRAN HUMAN RIGHTS

À quelques jours de la Journée mondiale, l’Iran exécutait encore au moins 15 personnes. Depuis le début de l’année 2025, les autorités iraniennes ont ainsi procédé à au moins 1105 exécutions, dont 30 femmes, franchissant un nouveau seuil inégalé sur les trois dernières décennies.

Face à cette situation plus que préoccupante, ECPM s’est joint à son partenaire Iran Human Rights pour dénoncer l’atteinte à tous les fondements du droit international par le régime iranien.

MAROC : CONFÉRENCE DE PRESSE ET PLAIDOYER DE HAUT NIVEAU

Chaque année, ECPM et ses partenaires marocains unissent leurs voix à l’occasion d’une Conférence de presse pour la Journée mondiale, qu’ils co-organisent depuis de nombreuses années au siège du Conseil national des droits de l’Homme du Maroc (CNDH), à Rabat. Cette rencontre a permis de donner la parole à une diversité d’acteur·ices abolitionnistes nationaux et internationaux, membres de la société civile et diplomates, autour de la dynamique positive à l’œuvre au Maroc, à maintenir et nourrir en vue d’aboutir à l’abolition définitive.

Ce rendez-vous annuel primordial pour le plaidoyer abolitionniste au Maroc illustre la vigueur de son mouvement abolitionniste et est le fruit de la coopération d’ECPM avec la Coalition marocaine pour l’abolition de la peine de mort, l’Observatoire marocain des prisons, le CNDH et les réseaux nationaux pour l’abolition de la peine de mort (parlementaires, avocat·es, enseignant·es, journalistes, entrepreneur·es), en partenariat avec le Conseil de l’Europe.  

Quel chemin parcouru ici au Maroc ! [Nous saluons] la tendance irréversible vers l’abolition après le vote du Maroc en décembre 2024 aux Nations unies en faveur de la Résolution pour un moratoire universel et après la modification du code de procédure pénale exigeant l’unanimité des juges pour toute sentence de peine de mort.

Raphaël Chenuil-Hazan, Directeur général d’ECPM, durant son intervention prononcée au siège du CNDH, conférence de presse pour la 23e Journée mondiale, 10/10/2025

Ce fut aussi l’occasion pour Raphaël Chenuil-Hazan, aux côtés d’une délégation importante d’acteurs et actrices plaidant pour l’abolition au Maroc, d’être reçu·es par le ministre de la Justice M. Abdellatif Ouahbi, accompagné de M. Hicham Malati, directeur des affaires criminelles du Ministère de la Justice Maroc.

Ce rendez-vous a permis de souligner les avancées récentes du Maroc :

– Le vote en faveur de la Résolution de l’Assemblée générale des Nations unies pour l’instauration d’un moratoire sur l’application de la peine de mort, en décembre 2024
– L’unanimité des magistrats désormais requise pour les décisions de condamnation à mort, suite à l’adoption par la Chambre des représentants du projet de loi n°03.23 modifiant le code de procédure pénale (loi n°22.01), le 22 juillet 2025
– La commutation des peines de 23 personnes condamnées à mort par grâce royale, le 29 juillet 2025
– Le vote en faveur de la Résolution du Conseil des droits de l’Homme sur la question de la peine de mort le 7 octobre 2025

Cette rencontre a également permis de porter auprès du Ministre un plaidoyer pour que le Maroc aille plus rapidement vers l’abolition de la peine de mort, notamment dans la perspective de la Réforme du Code pénal en cours.

Rencontre avec le Ministre de la Justice, Maroc, Journée mondiale 2025

TUNISIE : FORMATION DES AVOCAT·ES

La Coalition tunisienne contre la peine de mort et ECPM ont organisé un week-end de formation à destination des avocat·es des régions de Souss, Monastir, Mahdia et Kairouan du samedi 11 au dimanche 12 octobre.

L’objectif du séminaire était de souligner le rôle vital de l’avocat·e pour assurer que toutes les personnes détenues, sans discrimination ni exclusion, bénéficient des garanties d’un procès équitable et de toutes les protections prévues par la législation nationale dès le moment de la détention dans les affaires de peine de mort.

Pendant deux jours, des interventions de haut niveau ont permis aux avocat.es participant.es d’aborder différentes thématiques en lien avec leur rôle spécifique et la peine de mort. L’intervention particulièrement riche d’Hafidha Chekir, professeure émérite de droit, a été axée sur « la peine de mort dans le droit international » exposant les instruments internationaux relatifs au respect du droit à la vie et à l’interdiction des traitements inhumains. La présentation de Ferid Ben Jha, professeur émérite de droit et magistrat, a porté sur « La politique pénale de la peine de mort dans la législation tunisienne ». Chokri Latif, président de la CTCPM, a rappelé les particularités du contexte ambiant en Tunisie, particulièrement les procès impliquant de nombreux opposant·es passibles de la peine de mort et la récente affaire de Saber Chouchène, condamné à mort pour des publications sur Facebook puis relaxé grâce à la mobilisation et la pression de la société civile et de l’opinion publique. Mondher Cherni, avocat, a apporté des éléments de réflexion sur les dispositions et les procédures pénales dans les affaires de peine de mort, à l’aide d’études de cas, en insistant sur les lacunes du système judiciaire, dont l’absence systématique d’assistance juridique et d’expertise psychiatrique lors des détentions.

Les participant·es ont en outre pris part à des exercices pratiques collectifs et visionné les capsules vidéo produites en 2023 par la CTCPM et ECPM, capturant des témoignages de plusieurs personnalités tunisiennes abolitionnistes.

MAURITANIE : CONFÉRENCE MULTI-ACTEURS

À Nouakchott a eu lieu une conférence réunissant différent·es acteur·ices abolitionnistes autour d’un débat sur les peines alternatives, organisée par l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH), avec ECPM.

Réunissant près de 30 participant·es, la rencontre s’est articulée entre différents temps, alliant discussions, témoignage, interventions d’expert·es pénalistes, ainsi que projection de film – avec le visionnage de La Larme du Bourreau, retraçant le parcours d’un ancien bourreau, chargé d’exécuter des condamnés à mort, et mettant en lumière le poids psychologique, les remords, et la déshumanisation progressive vécue par ceux qui sont, eux aussi, victimes du système de la peine capitale.

LIBAN : ATELIER ACADÉMIQUE

L’Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains (AUNOHR), l’Association Libanaise pour les droits civils (LACR) et ECPM ont organisé un atelier académique interactif, sous le thème « Penser la peine de mort à la lumière de la non-violence et des droits humains ».

L’événement a réuni, à Gemmayzé, 28 étudiant·es ainsi que des membres d’organisations de la société civile. Il s’inscrit dans le prolongement d’une initiative lancée par AUNOHR : un cours de master consacré à la lutte contre la peine capitale, fondé sur la philosophie de la non-violence, les droits humains et les recherches scientifiques récentes.

International

7e ÉDITION DU CONCOURS « DESSINE-MOI L’ABOLITION » : LES INSCRIPTIONS SONT LANCÉES !

Tous les trois ans, le concours d’affiches graphiques « Dessine-moi l’abolition » invite les jeunes agé·es de 12 à 25 ans du monde entier à mettre leur créativité au service de la lutte contre la peine de mort en réalisant une affiche graphique engagée.

Destiné à susciter l’intérêt des jeunes, notamment des collégiens et lycéens, sur la question de l’abolition universelle de la peine de morten leur proposant de faire appel à leur créativité, ce projet vise à encourager et valoriser l’engagement citoyen des jeunes.

Les inscriptions ont lieu jusqu’au 31 décembre 2025 !

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JEUNES AMBASSADEUR·ICES POUR L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT : PUBLICATION D’UNE TRIBUNE

Participant·es de l’atelier « Plaidoyer et sensibilisation pour l’abolition de la peine de mort » Juin 2025 · © Crédits photo : Margaux Supper, Conseil de l’Europe

Fruit du travail du programme Éduquer lors des différentes éditions de l’atelier « Plaidoyer et sensibilisation pour l’abolition de la peine de mort », en collaboration avec le Conseil de l’Europe et la Coalition allemande contre la peine de mort, le groupe des jeunes ambassadeur·ices pour l’abolition de la peine de mort s’est à nouveau mobilisé lors de la Journée mondiale.

À cette occasion, iels ont publié une tribune rappelant leur engagement pour un monde plus juste, sans peine capitale.

We, the Youth Ambassadors for the Abolition of the Death Penalty, stand united in calling for the universal abolition of the death penalty. In a time of pressing global challenges, we reaffirm that justice, human rights, and equality are non-negotiable foundations of our society. The death penalty protects no one – not society, not victims, not the marginalised or vulnerable – and has no place in a modern justice system.

L’ensemble des activités organisées par ECPM et ses partenaires internationaux ont pu être mises en œuvre grâce aux soutiens financiers de leur projet conjoint « Les voies de l’abolition : Accompagner les évolutions vers l’abolition de la peine de mort en Afrique, en Asie et au Moyen Orient » : l’Agence française de développement, la Fondation de France, la Norvège et l’Union européenne.  

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