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En Malaisie, une pop star chante les mots d’un condamné à mort

Pannir écrit, Santesh chante ; les deux sont malaisiens et ont presque le même âge (33 et 32 ans). Mais l’un se trouve dans le couloir de la mort de la prison de Changi (Singapour), tandis que le second est une star de M-pop (pop malaisienne). 

Dans son troisième album « Arah Tuju » lancé en Malaisie ce 17 avril, l’artiste chante les textes composés par son homologue emprisonné. Un projet inédit, initié par l’association « Sebaran Kasih/Spread Love Malaysia », fondée par la sœur de Pannir, Angelia Pranthaman et fièrement soutenue par ECPM et son partenaire malaisien, ADPAN.

Vous pouvez assister ou revisionner à l’événement de lancement sur Facebook et Youtube.

La musique, instrument de liberté

La campagne #SavePannir prend aujourd’hui une nouvelle dimension : les textes de Pannir Selvam Pranthaman, ressortissant malaisien condamné à la peine capitale à Singapour le 27 juin 2017 pour trafic de drogue, peuvent désormais être entendus par le grand public, en écho à la condition de nombreux condamnés à mort dans le monde. Aujourd’hui en attente concernant sa demande d’appel effectuée en février 2020, le jeune homme avait échappé à son exécution la veille de sa date programmée, le 24 mai 2019.

La Malaisie et Singapour font partie des 26 États rétentionnistes sur les 48 que compte l’Asie. Singapour, indépendante de la Malaisie depuis 1965, adopte néanmoins une position bien plus sévère que sa voisine (qui progresse vers l’abolition depuis 2006) à l’égard de la peine de mort, malgré l’image progressiste qu’elle s’évertue à donner. Il y a un an, pendant la pandémie de COVID-19, un homme a d’ailleurs été condamné à la peine capitale lors d’une audience qui s’est tenue en ligne, provoquant une vive réaction des défenseurs des droits de l’homme à l’international.

Pannir Selvam Pranthaman
Pannir Selvam Pranthaman

La loi relative au contrôle des stupéfiants y est notamment très répressive. Singapour demeure l’un des quatre pays du monde ayant procédé à des exécutions pour des infractions liées aux stupéfiants ces dernières années. Depuis 2012, une loi a bien été promulguée afin d’annuler le caractère obligatoire de la peine de mort en cas de trafic de drogues (le droit international et les normes internationales interdisent d’imposer des peines de mort obligatoires, car elles privent les juges de la possibilité de prendre en considération d’éventuelles circonstances atténuantes).

Cette loi autorise alors le juge à prononcer la prison à vie au lieu de la peine de mort pour trafic de drogue dans certaines circonstances uniquement, notamment en cas de coopération avec les autorités. Mais ces circonstances restent très restrictives et à la discrétion des juges.

← Visionnez la situation de la peine de mort en Asie en 2020



ECPM sur le terrain

ECPM soutient la production de cet album dans le cadre de son programme de financement aux tiers subventionné par l’Union européenne.

Il y a un an, ECPM publiait « Isolement et désespoir », une mission d’enquête faisant état de 1280 hommes et femmes dans les couloirs de la mort malaisiens, à la suite de procès qui ne respectent pas toujours les principes fondamentaux du droit international. 

À propos des citoyens malaisiens condamnés à mort à l’étranger, il s’avère que depuis la fin du mois d’octobre 2018, le gouvernement malaisien, qui venait de s’engager à abolir formellement la peine de mort pour tous les crimes sur son territoire, s’intéressait pour la première fois à la situation de ses citoyens condamnés à mort à l’étranger. Dans ce cadre, il était intervenu auprès des autorités de Singapour pour empêcher l’exécution d’un de ses ressortissants.

Co-financé par l'Union européenne